dimanche 22 novembre 2015

Prophétie et Sainteté

Aujourd'hui, j'ai (encore) eu une révélation : Jésus est réellement le dernier des Envoyés, celui qui clôt le cycle prophétique ; les chrétiens ont raison sur ce point. Le Prophète Muhammad, qui a beaucoup de points commun avec Marie au point que l'on peut les considérer comme la manifestation féminine et masculine d'un même principe (la Miséricorde-Rahma), représente en réalité le commencement d'un nouveau cycle ; il ne vient pas tellement clore mais plutôt ouvrir. Celui qui clôt, achève, c'est réellement Jésus. Il est le Dernier ; la venue de Sidnâ Muhammad correspond à la manifestation du Premier. Je le savais déjà, qu'en tant que premier des Envoyés, premier des êtres existenciés, etc. il devait nécessairement se manifester à la fin, mais voilà : il faut aller plus loin encore ; Jésus est la fin, le terme réel du cycle ; après lui, Muhammad représente un retour au premier moment, la manifestation de ce qui était au tout début du cycle et donc un commencement nouveau, intégral. C'est le cycle de la Wilâya islamique, la série des "saints" musulmans, les grands initiés soufis, qui forment une nouvelle manifestation intégrale du Verbe. Prophétie et Sainteté, Nubuwwa et Wilâya, sont étroitement corrélées, l'islam distingue les deux, mais ne les sépare pas ; elles ne vont pas l'une sans l'autre. Vous connaissez la "doctrine des trois sceaux", que M. Vâlsan a été le premier à exposer en Occident. Mais voilà, j'avais toujours été frappé par le fait que deux personnages aussi singuliers, aussi démesurément surhumains que Jésus et Muhammad, se succèdent si rapidement, à quelques siècles d'intervalle, sans rien entre les deux... Il aurait pu y avoir quelques prophètes de moindre importance, intermédiaires, mais non ; deux coups de foudre divins aussi rapprochés, qui frappent l'humanité l'un après l'autre, mais presque en même temps en fait... pourquoi ? J'ai trouvé l'explication aujourd'hui, presque sans y penser ; ça m'a frappé comme ça : il s'agit en fait d'un même moment du cycle, moment final qui est en même temps un commencement radical, le début d'un cycle nouveau ; mais Jésus représente l'aspect terminal de ce moment, Muhammad l'aspect final et en même temps la manifestation du premier moment. Muhammad est le premier moment du cycle, Jésus le dernier. Approximativement... il faudrait développer.
Borella a raison aussi, pour moi, quand il dit que l'islam peut s'expliquer d'un point de vue chrétien, comme un retour à l'ancienne loi, mais retour nécessaire, qu'il représente "ce que l'ancienne loi pouvait intégrer du Christ", en quelque sorte ; sauf que ce serait plutôt ce que le Christ peut réintégrer de l'ancienne loi, en fait, et aussi, que l'islam, comme retour en arrière, n'est pas un retour à l'ancienne loi au sens de loi mosaïque, un retour aux prophètes de type israélite, ça ne correspond pas ; l'islam ressemble beaucoup plus à ce que serait un retour à ce qu'il y avait avant cela, avant la série des prophètes d'Israël, c'est-à-dire descendant de Jacob et d'Isaac, un retour aux temps tout à fait primordiaux, et cela bien sûr Borella ne peut pas le voir parce qu'il ne connaît pas l'islam en profondeur et méconnaît certains de ses aspects, mais cela n'a guère d'importance... Un retour aux temps premiers, au tout début du cycle, de toute façon, et ibn 'Arabî le dit très clairement : Muhammad est le Législateur universel, l'auteur caché de toutes les lois divines, la Matrice du Verbe donc : Marie ! Sa manifestation à la fin des temps correspond à la manifestation du Premier, certes, ibn 'Arabî à l'appui. Mais je dis que cette manifestation était possible parce que Jésus, avant cela, était déjà venu clore le cycle, en révélant l'Esprit - l'Esprit de Dieu c'est lui, Coran à l'appui - et le sens caché de toutes les révélations antérieures. Il y a un "déplacement de sceaux" à faire : revenir du "sceau de la prophétie (légiférante)" au "sceau de la sainteté universelle", c'est-à-dire le Christ, mais celui de la "seconde venue", qui est le même, mais opérant dans le cadre de la loi islamique, c'est-à-dire, comme clôture à la fois du cycle total et du cycle islamique, ce qui prouve bien que d'un point de vue intérieur, c'est toujours le Messie qui clôt, le Verbe crucifié, symbole par excellence de la Conversion ! Cela ne veut pas dire, évidemment, que le christianisme en tant que forme traditionnelle est la synthèse finale (au sens où l'entendait M. Vâlsan) plutôt que l'islam ; non, mais pour un musulman, bien sûr, c'est à la lumière des enseignements islamiques qu'il faut élucider la forme christique du Verbe, sans  négliger les enseignements de la théologie et de la mystique chrétiennes, Rusbrock, Maître Eckhart, etc. Eux aussi peuvent être interprétés dans une perspective islamique. C'est comme ça qu'on voit que toutes les traditions se complètent. Il y a un rapport entre Marie, l'Esprit-Saint et Muhammad, entre Jésus et le Coran (d'un point de vue islamique, Jésus représente à la fois le souffle de vie et la science des lettres, ce qui n'est pas rien !), et un rapport entre Muhammad, Jésus et le reste des Envoyés, et les trois moments de la procession néo-platonicienne : Manence, Procession, Conversion, que l'on peut aussi relier évidemment aux trois Personnes de la Trinité et aux trois principes fondamentaux - aux trois qualités divines fondamentales - que l'islam désigne sous le nom de Jamâl, Jalâl et Kamâl, ou Beauté, Transcendance, Perfection.
Tout cela est juste symbolique... je nage dans la théophanie du Verbe ; les choses se révèlent graduellement à moi. Je monte des échelons et je remercie Dieu.

jeudi 19 novembre 2015

L'insupportable irrationnalité de la raison moderne

Comme disaient les Inconnus (humoristes subtils qui ont enchanté mon adolescence) : tant va la cruche à l'eau qu'à la fin tu me les brises. Faut dire ce qui est, zut. J'ai passé ma jeunesse dans le délire marxiste, et entouré de gens persuadés de l'éminente supériorité de la civilisation occidentale moderne sur tout autre à un point tel qu'ils vous auraient même pas compris si vous aviez manifesté un doute, et vous auraient pris pour un fou s'ils vous avaient compris. Allez vous faire foutre. Quand j'avais 16 ans, j'ai commencé à avoir des doutes. Aujourd'hui je viens d'en avoir 40, je suis passé par tous les cercles de l'enfer, et c'est plus des doutes mais une certitude.
Marx et les marxistes, rappelez-vous, prétendaient expliquer la religion, la spiritualité, toute la culture, par l'économie, c'est-à-dire en définitive, la bouffe et le fric, considérés comme les seules forces qui déterminent la vie humaine. Tout le monde, dans la société occidentale, l'a plus ou moins suivi, du reste il n'était ni le premier ni le seul à penser ça, mais il est le seul, je crois, à avoir eu l'idée de comparer ça à la découverte de l'héliocentrisme ou de l'Amérique, un truc du genre. D'un autre côté, Freud lui prétendait expliquer les mêmes choses à partir du désir érotique refoulé du petit enfant pour sa mère, désir contrarié par le père et la société. Qu'est-ce qui vous semble le moins délirant ? Faites votre choix. Moi personnellement, j'opterais pour Freud, à tout prendre. Bien que je croie autant à la capacité de Freud à expliquer la religion qu'au père Noël, au moins le sexe me paraît une force beaucoup plus fondamentale que la bouffe, et je suis prêt à admettre que la vie psychique soit totalement ou fortement déterminée par la sexualité et l'érotisme, sous toute ses formes. Sauf que la conception freudienne de la sexualité est nulle : purement utilitariste, matérialiste, reposant en définitive sur une prétendue pulsion reproductrice. En somme, il admet sans autre forme de procès qu'il existe en tout être humain une tendance naturelle à vouloir perpétuer l'espèce, on se demande bien pourquoi, ou une sorte de croyance irrationnelle que la reproduction va lui procurer une sorte d'immortalité individuelle, en fait complètement illusoire... Un auteur musulman disait au contraire que Dieu a donné le désir sexuel à l'homme pour l'inciter à se reproduire, car sans cela il aurait horreur de l'accouplement, ce qui n'est pas absurde ; dans ce cas, ce serait plutôt la pulsion sexuelle serait plutôt la cause de l'instinct de reproduction que sa conséquence : c'est au plaisir, à la jouissance que tend en définitive l'être humain, la survie de l'espèce il s'en fout... Bon, cette explication est encore beaucoup trop vague et matérialiste, elle ne me satisfait guère, mais pourquoi pas tant qu'à faire ? Le soufisme, lui, explique la sexualité par le besoin de l'homme de retrouver l'unité primitive de l'Adam androgyne, perdue quand Dieu en a prélevé la partie qui est devenue Eve. C'est une explication symbolique, métaphysique, proche de celle de Platon, beaucoup plus satisfaisante. C'est celle qu'adopte Evola dans sa Métaphysique du sexe, en la développant, de telle sorte que la sexualité apparaisse finalement comme une force fondamentale ancrée dans les principes ontologiques et cosmologiques originaires, le Masculin et le Féminin éternels, présents en chacun de nous par participation. Cette explication-là, qui s'accorde avec les principes traditionnels auxquels j'adhère, me satisfait pleinement, et je n'ai aucun mal à reconnaître que la sexualité, en ce sens, comme force métaphysique ancrée dans les principes supra-individuels de l'ontologie, détermine la vie psychique de l'être humain, mais cette conception beaucoup plus "philosophique" n'a plus qu'un très vague rapport avec celle de Freud ; c'est toujours la sexualité, certes, mais ce qu'Evola et moi entendons par ce mot est tout différent. Néanmoins, cela suffit pour considérer que la tentative freudienne d'explication est beaucoup moins ridicule et canulardesque que la tentative marxiste, d'expliquer les aspects les plus complexes et variés de la vie humaine, de la culture et de la société par le seul besoin de bouffer. Et le besoin de baiser, merde ? Je t'en foutrai, de l'économie. (Dites-moi pas, au moins, que la baise est économique aussi, ou alors autant dire que le commerce est un acte érotique, ce qui est un peu vrai mais n'entre pas dans le cadre marxiste... dans ce cadre, l'économie c'est la production des moyens de subsistance, point barre et essayez pas de m'embrouiller ; la sexualité, à part si vous allez aux putes et encore, ce qui n'est pas mon cas, répond à des besoins purement relationnels qui n'ont rien à voir avec la production d'un bien de consommation, pas même d'un "service", c'est de la connerie pure de dire ça.)
Et vous continuez à considérer tout cela comme sérieux... et à vous demander pourquoi les peuples non occidentaux vous haïssent de vouloir leur imposer cette merde à coups de mégabombes ? Vous êtes à la masse, les gars, faut vous réveiller...

Occidentaux, encore un effort pour commencer à devenir des hommes.