jeudi 19 novembre 2015

L'insupportable irrationnalité de la raison moderne

Comme disaient les Inconnus (humoristes subtils qui ont enchanté mon adolescence) : tant va la cruche à l'eau qu'à la fin tu me les brises. Faut dire ce qui est, zut. J'ai passé ma jeunesse dans le délire marxiste, et entouré de gens persuadés de l'éminente supériorité de la civilisation occidentale moderne sur tout autre à un point tel qu'ils vous auraient même pas compris si vous aviez manifesté un doute, et vous auraient pris pour un fou s'ils vous avaient compris. Allez vous faire foutre. Quand j'avais 16 ans, j'ai commencé à avoir des doutes. Aujourd'hui je viens d'en avoir 40, je suis passé par tous les cercles de l'enfer, et c'est plus des doutes mais une certitude.
Marx et les marxistes, rappelez-vous, prétendaient expliquer la religion, la spiritualité, toute la culture, par l'économie, c'est-à-dire en définitive, la bouffe et le fric, considérés comme les seules forces qui déterminent la vie humaine. Tout le monde, dans la société occidentale, l'a plus ou moins suivi, du reste il n'était ni le premier ni le seul à penser ça, mais il est le seul, je crois, à avoir eu l'idée de comparer ça à la découverte de l'héliocentrisme ou de l'Amérique, un truc du genre. D'un autre côté, Freud lui prétendait expliquer les mêmes choses à partir du désir érotique refoulé du petit enfant pour sa mère, désir contrarié par le père et la société. Qu'est-ce qui vous semble le moins délirant ? Faites votre choix. Moi personnellement, j'opterais pour Freud, à tout prendre. Bien que je croie autant à la capacité de Freud à expliquer la religion qu'au père Noël, au moins le sexe me paraît une force beaucoup plus fondamentale que la bouffe, et je suis prêt à admettre que la vie psychique soit totalement ou fortement déterminée par la sexualité et l'érotisme, sous toute ses formes. Sauf que la conception freudienne de la sexualité est nulle : purement utilitariste, matérialiste, reposant en définitive sur une prétendue pulsion reproductrice. En somme, il admet sans autre forme de procès qu'il existe en tout être humain une tendance naturelle à vouloir perpétuer l'espèce, on se demande bien pourquoi, ou une sorte de croyance irrationnelle que la reproduction va lui procurer une sorte d'immortalité individuelle, en fait complètement illusoire... Un auteur musulman disait au contraire que Dieu a donné le désir sexuel à l'homme pour l'inciter à se reproduire, car sans cela il aurait horreur de l'accouplement, ce qui n'est pas absurde ; dans ce cas, ce serait plutôt la pulsion sexuelle serait plutôt la cause de l'instinct de reproduction que sa conséquence : c'est au plaisir, à la jouissance que tend en définitive l'être humain, la survie de l'espèce il s'en fout... Bon, cette explication est encore beaucoup trop vague et matérialiste, elle ne me satisfait guère, mais pourquoi pas tant qu'à faire ? Le soufisme, lui, explique la sexualité par le besoin de l'homme de retrouver l'unité primitive de l'Adam androgyne, perdue quand Dieu en a prélevé la partie qui est devenue Eve. C'est une explication symbolique, métaphysique, proche de celle de Platon, beaucoup plus satisfaisante. C'est celle qu'adopte Evola dans sa Métaphysique du sexe, en la développant, de telle sorte que la sexualité apparaisse finalement comme une force fondamentale ancrée dans les principes ontologiques et cosmologiques originaires, le Masculin et le Féminin éternels, présents en chacun de nous par participation. Cette explication-là, qui s'accorde avec les principes traditionnels auxquels j'adhère, me satisfait pleinement, et je n'ai aucun mal à reconnaître que la sexualité, en ce sens, comme force métaphysique ancrée dans les principes supra-individuels de l'ontologie, détermine la vie psychique de l'être humain, mais cette conception beaucoup plus "philosophique" n'a plus qu'un très vague rapport avec celle de Freud ; c'est toujours la sexualité, certes, mais ce qu'Evola et moi entendons par ce mot est tout différent. Néanmoins, cela suffit pour considérer que la tentative freudienne d'explication est beaucoup moins ridicule et canulardesque que la tentative marxiste, d'expliquer les aspects les plus complexes et variés de la vie humaine, de la culture et de la société par le seul besoin de bouffer. Et le besoin de baiser, merde ? Je t'en foutrai, de l'économie. (Dites-moi pas, au moins, que la baise est économique aussi, ou alors autant dire que le commerce est un acte érotique, ce qui est un peu vrai mais n'entre pas dans le cadre marxiste... dans ce cadre, l'économie c'est la production des moyens de subsistance, point barre et essayez pas de m'embrouiller ; la sexualité, à part si vous allez aux putes et encore, ce qui n'est pas mon cas, répond à des besoins purement relationnels qui n'ont rien à voir avec la production d'un bien de consommation, pas même d'un "service", c'est de la connerie pure de dire ça.)
Et vous continuez à considérer tout cela comme sérieux... et à vous demander pourquoi les peuples non occidentaux vous haïssent de vouloir leur imposer cette merde à coups de mégabombes ? Vous êtes à la masse, les gars, faut vous réveiller...

Occidentaux, encore un effort pour commencer à devenir des hommes.
 

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